Alain Glassey, 15 ans à la tête d’une équipe VTT!

Au fil des années, Alain Glassey est devenu une figure incontournable du milieu VTT en Suisse romande. C’est pourtant sur route qu’Alain avait commencé sa carrière, avant de se tourner avec succès vers le VTT. Lorsque il a décidé de mettre un terme à sa carrière de coureur, Alain était bien décidé à rester dans le milieu en tant que team manager. C’était en 2002, et depuis sa passion n’a pas changé. Le Raid Evolénard est allé à sa rencontre:

Alain, c’est déjà ta quinzième saison en tant que directeur sportif d’une équipe VTT. Où est-ce que tu vas chercher la motivation pour continuer à t’engager années après années pour ton team ?

Lorsque j’étais compétiteur, j’ai eu la chance de courir sur route  chez Mazza à Genève et ensuite en tant que VTTétistes chez CILO à Romanel. Dans ces deux structures j’ai pu avoir d’excellentes conditions pour pratiquer ces deux sports en compétition. Je me disais à ce moment-là que lorsque j’arrêterais, je pourrais rendre un peu de ce que l’on m’avait donné… Et en 2001, lors de la faillite de la marque CILO, j’ai lancé la machine en touchant les bonnes personnes. Tant que j’aurais du plaisir et que je trouve un soutien suffisant pour continuer, je le ferais…

Le VTT a de plus en plus de peine à faire recette, surtout en Valais, où les courses attirent de moins en moins de coureurs et où le nombre de courses diminue année après année. Où est le problème selon toi ?

C’est vrai que le calendrier valaisan s’amaigrit d’année en année. Le boom du VTT des années 90 s’est gentiment essoufflé en Valais mais également de belles courses ont disparu en Romandie. Il ne reste presque que des classiques qui tiennent le coup parce que leurs notoriétés ont dépassés les frontières cantonales.

Pas mal de clubs d’autres sports organisaient une course pour remplir un peu leurs caisses (je pense à des ski-clubs notamment) mais qu’après plusieurs années fructueuses ils ont commencés à peiner avec les recettes et ils ne l’ont plus organisée.

L’avènement du trail a aussi fait changer les habitudes. Les organisateurs préfèrent organiser un trail qui génère une plus grande participation dès la première année et pas mal de bikers populaires se sont tournés vers cette nouvelle tendance du sport fun. D’où la diminution de courses et de pratiquants en VTT.

Je suis en train de préparer un super projet pour une course VTT en Valais mais c’est encore trop tôt pour le dévoiler. Quelque chose de différent et c’est peut-être là qu’il faut chercher une solution pour relancer l’attractivité du VTT en Valais et surtout des courses…

Dans ce contexte, quelles sont les difficultés principales pour un directeur sportif ?

Moi, j’ai gardé une ligne dans ma philosophie pour la compétition, j’ai su rester un Team indépendant. En Valais et en Romandie les Teams magasins foisonnent mais je ne conçois pas la compétition de cette manière. Je n’oblige pas un coureur à faire telle ou telle course surtout que j’ai quelques très bons éléments qui aspirent à évoluer au niveau international… Grâce à l’image de l’équipe données par les anciens, j’ai toujours chaque saison un ou deux costauds qui viennent me voir pour intégrer le Team.

J’imagine que la situation n’est pas idéale par rapport aux sponsors notamment ?

Effectivement la recherche de sponsoring devient de plus en plus difficile mais grâce à mon réseau j’ai toujours pu couvrir le budget. Je ressens la frilosité même pour des sommes très raisonnables. Heureusement que certaines personnes ne me laissent pas tomber mais à force de solliciter les mêmes passionnés, ils s’essoufflent aussi.

Des partenaires tels que les cycles Bergamont et GS Sportswear m’aident un peu plus cette saison pour compenser la baisse de sponsoring régional, sans leur soutien cela aurait été très difficile cette saison.

Pour la saison 2017, je me suis mis un objectif très élevé de trouver un seul partenaire principal pour continuer. La tâche n’est pas facile. Le Team est un hobby pour moi et les charges sont bien moindres que dans une structure professionnelle ou semi-professionnelle mais cela coûte quand même pour soutenir quelques bons élites.

Au niveau de la relève, comment est-ce que tu juges la situation, en particulier en ce qui concerne les structures en place ?

En Valais, il y a quelques bons éléments prometteurs mais comme la pyramide n’est pas large à la base, le sommet aussi sera restreint. C’est surtout des jeunes qui ont grandis dans le milieu avec leurs parents qui couraient il y a 20 ans…

Les instances dirigeantes devraient plus se préoccuper de la relève que de faire du nombrilisme ou de s’endormir sur les lauriers qui commencent à dater. Lors des championnats romands l’an passé, certaines catégories jeunesses n’avaient qu’un coureur valaisan classé ou voir aucun. Les clubs aussi doivent aussi faire quelque chose, peut-être en collaboration avec la fédération pour réunir les forces et promouvoir le vélo auprès des jeunes avec plus de moyens.

Pour revenir à ton équipe, tu as profité de la pause hivernale pour renforcer considérablement le secteur longue distance, en engageant notamment Philipp Gerber, Adrien Chenaux et Eric Morard. Quels seront les objectifs du team à ce niveau ?

Depuis la première saison en 2002, le Team est composé de deux groupes bien distincts :

Le team A composé de coureurs licenciés en catégorie élite ou qui ont un niveau très élevé dans une autre catégorie et qui sont soutenus à 100%. Philippe Gerber et Adrien Chenaux seront engagés sur les moyennes et longues distances. Ils seront toujours accompagnés de Damien Perrin qui lève un peu le pied (papa depuis quelques mois) mais qui sera toujours aussi compétitif. Il y a aussi le groupe cross-country composé également de 3 coureurs d’excellents niveaux.

Le team B qui réunit quelques bons coureurs locaux qui montrent leurs maillots sur le plan régional mais qui sortent aussi du canton. Ceux-ci reçoivent un soutien par un gros rabais sur tout le matériel (sauf l’habillement qui est remis gratuitement). Ce groupe réunit surtout des valaisans puisque le Team est valaisan : Tristan Degrada (cadet), Christian Perrin (junior) et Noé Torrent (U23) seront accompagnés par les régionaux expérimentés comme Pascal Corti, Pierre-Yves Bender et Eric Morard.

Avec Adrien Chenaux, tu as dans ton équipe un champion suisse de contre la montre qui arrive sur les courses VTT marathon. Quels vont être ses objectifs ?

Adrien a un gros moteur. Il roule super bien (champion Suisse Elite Clm), il grimpe aussi vite (2ème de Sierre-Loye derrière Tomy). La technique sera un handicap au début mais cela vient vite. Lorsque j’ai commencé le VTT j’étais dans le même cas et la transition s’est bien passée. Ses objectifs seront surtout les courses longues distances et son premier objectif et test sera le Raid Evolénard. Il se réjouit déjà d’y être.

En ce qui concerne le reste de l’équipe, tu as également des jeunes prometteurs en cross-country. Quelles sont tes attentes pour cette année ?

Oui, Florian Chenaux et Emilien Barben entament leur 3ème saison au sein du Team et seront rejoints par Romain Bannwart qui va aussi très vite en cross-country. Pour tous les trois, l’important est de marquer des points UCI pour pouvoir partir le plus possible devant car à ce niveau le départ est primordial et pourquoi pas frapper aux portes du professionnalisme. Florian n’est pas passé loin l’an passé et il remet l’ouvrage sur le métier…

 

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