Je peux m’imaginer que c’était une période très frustrante pour toi. Au moment de ta chute, tu menais le Grand Raid, et tu étais en position d’atteindre les gros objectifs de ta saison, avec entre autre la défense de ton titre de champion suisse et la conquête de la victoire au classement de l’Alpine Cup. Comment as-tu vécu cette période ?
J’avais en effet l’impression lors du Grand Raid d’être finalement de retour au top de ma forme. Au moment de ma chute j’étais convaincu de pouvoir m’imposer. Durant les jours qui ont suivi la chute, les douleurs étaient tellement fortes que les résultats étaient passés au second plan et mon but était simplement de retrouver la santé. Par la suite ce n’était pas si dur de manquer les courses. J’ai appris pendant cette période qu’il y a des choses plus importantes que les listes de résultats. Avec le recul, je pense même que ces moments difficiles m’ont apporté quelque chose pour le futur.
Malgré cette période difficile, tu as tout de même réalisé une excellente performance durant cette saison, avec la victoire lors de la mythique MB-Race. Quel bilan tires-tu de cette saison?
La saison 2017 a été assez décevante. D’abord la déception du Cape Epic. Trois mois de préparation et d’entraînements intenses réduits à néant en peu de temps, sans que j’y puisse grand-chose. J’ai eu besoin de pas mal de temps pour m’en remettre. C’est seulement pour mes courses préférées en août; Ischgl, Eiger Bike, Grand Raid et pour les championnats suisses que j’ai retrouvé la motivation nécessaire pour m’entraîner en donnant chaque jour le maximum. J’étais alors à nouveau en forme, mais malgré tout ça n’a pas marché. Des douleurs au dos lors de l’Ischgl, des problèmes techniques et un abandon lors de l’Eiger Bike et finalement la chute, cette blessure et la fin de saison lors du Grand Raid. J’ai du même coup perdu le maillot de champion suisse sans même pouvoir combattre. C’était dur et inhabituel pour moi, mais la chute a aussi été pour moi une échappatoire à cette saison chaotique. La MB-Race a été le seul point lumineux de l’année. C’était une véritable aventure, avec plus de 7’000 mètre de dénivellation dont je ne connaissais pas le moindre mètre et dix heures de course. Je me remémore forcément avec plaisir de cette épopée ;).